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Chincha : au rythme de la culture afro-péruvienne

EN BREF :
Le Pérou est plus connu pour ses traditions andines que pour ses influences africaines. Et pourtant, la population afro-péruvienne a largement contribué (musique, danse, gastronomie, sport…) à façonner le Pérou que l’on connaît actuellement. Rien de mieux qu’une visite à Chincha pour se plonger dans les origines de cette communauté.

Si vous avez prévu de rester un moment au Pérou ou que vous êtes plutôt du style à sortir des circuits traditionnels, rien de mieux qu’une petite excursion à quelques mètres de la mer pour se reposer des treks d’altitude de la cordillère des Andes et profiter de l'ensoleillement de la zone !
A la découverte d’une des nombreuses cultures du Pérou : celle des Afro-Péruviens. Pour cela, prévoyez de passer à Chincha pendant votre voyage au Pérou !



Visite de El Carmen et de la région de Chincha

La ville de Chincha, située à environ 200 km au sud de la capitale Lima, est bien différente du reste du pays.
Elle appartient à la province de Chincha et à la région d’Ica.
C’est une destination d’été des Péruviens pour son
climat bien ensoleillé et sa proximité avec « costa Pacífica », la côte de l’océan Pacifique.
Si vous vous rendez en voiture 
à Paracas et à Nazca, vous passerez obligatoirement par là.
Elle est située sur la Panaméricaine et permet souvent aux voyageurs de faire halte avant de reprendre leur route.
Les champs de coton et ses agriculteurs postés aux abords de la ville lui donnent un air décalé.
Comme si le voyageur était transporté à une autre époque.

Le village de El Carmen, situé à une vingtaine de minutes en voiture de la ville de Chincha est le berceau du folklore et de l’art afro-péruvien.
A l’époque de la colonisation, de nombreuses populations venues d’Afrique, notamment du Biafra, du Congo et de Guinée, furent réduites en esclavage et emmenées par bateau sur la côte péruvienne.
Dans un premier temps, ces migrations forcées permirent d’apporter de la main d’œuvre pour l’exploitation des minerais.
Puis, avec le développement de la zone et des propriétés côtières, les propriétaires des «
haciendas » exploitèrent les esclaves pour des travaux agricoles tels que la récolte du coton et du sucre, comme en témoigne aujourd'hui la Hacienda San José.

La Hacienda San José est une maison de style colonial édifiée par des jésuites il y a plus de 300 ans et qui peut être visitée.
Elle a résisté à deux
tremblements de terre (ceux de 1974 et 2007) et est aujourd’hui un prestigieux hôtel dont l’architecture et les jardins valent le coup d’œil.

La maison est dotée de tunnels souterrains connectés avec le port situé à 17 km qui ont montré leur utilité à plusieurs reprises : se protéger des attaques des pirates, faire entrer illégalement les esclaves non déclarés et ainsi s’acquitter de l’impôt, ou encore enterrer des travailleurs décédés sur la propriété au XVIIIe siècle.

Plusieurs personnalités issues de cette communauté participèrent à la guerre pour l’indépendance du Pérou.
L’un d’entres eux fut Ildefonso, un esclave noir ayant lutté au côté du général Miller.
Un groupe de cimarrons, des esclaves fugitifs, firent alors un pacte avec José de San Martín, héros de la libération des pays d’Amérique du Sud de l’emprise
coloniale qui déclara l’histoire : ils rejoindraient ses troupes à condition de lever l’esclavage à la libération du Pérou.

Aujourd’hui, de nombreux habitants de la région conservent des racines afro-péruviennes et perpétuent certaines traditions artistiques et culinaires.

A 10 km de Chincha se trouve le sanctuaire de Melchorita, un lieu de culte en hommage à Melchora Saravia qui a dédié sa vie à aider les pauvres et les malades.
C’est le carrefour de l'artisanat
afro-péruvien où vous trouverez des souvenirs originaux pour épater la galerie en revenant.
Vous rencontrez beaucoup d’habitants du coin car les prières ne cessent pratiquement jamais dans ce lieu sacré.

Le complexe archéologique de la Centinela ou « Ciudadela de Chinchaycámac » et ses ruines aux impressionnants murs d'argile, sont sans doute le complexe civil, militaire, religieux et commercial des civilisations chincha puis inca le mieux conservé de tous dans la région (environ 200 pyramides découvertes) et le plus grand du pays. 



Il est aussi intéressant de s'arrêter dans l’une des incontournables fabriques de
pisco entourées des vignes.
Chincha est sans doute l’un des meilleurs endroits de fabrication du pisco. Ses habitants savent faire de la dégustation un moment de détente de qualité.

 

 

 





Spécialités et particularités de la culture afro-péruvienne

Festival de l'été


Tous les ans dès le mois de mars, les habitants de la région se déplacent vers le village de Chincha pour célébrer le fameux festival de l’été appelé « Verano Negro ».
Les costumes traditionnels émanant de la culture afro-péruvienne envahissent le village.
Les instruments de musique, emblématiques de l’héritage culturel africain, sont également le centre d’attention des voyageurs qui passent par là.
Le «
cajón », les « maracas » ainsi que la « quijada de burro » (mâchoire d’âne qui émet des sons différents lorsque le musicien la racle avec sa baguette) font danser Péruviens et voyageurs.



Gastronomie

La culture africaine ayant conservé sa propre gastronomie et s’étant également mêlée plus tard à la culture espagnole, vous pourrez déguster le « carapulcra » ou la « sopa seca » (attention, cela n’a rien d’une soupe mais plutôt d’un plat bien consistant) ou le « tamal de Chincha » pour quelques soles.
Le
ceviche de moules et les spaghettis verts ne sont pas à laisser pour compte non plus.

Le pisco et le vin de la région sont à goûter impérativement. La liqueur de totuma (fruits macérés dans un mélange de vin et de pisco) également. 


Musique et danses

Le Carmen est un district coloré et joyeux où il fait souvent beau temps. Les populations afrodescendantes ont hérité de traditions et d’une culture qui se perpétue avec le temps. Le côtoiement de différentes cultures a donné lieu à une infinité de danses et de rythmes toujours pratiqués aujourd’hui dans les festivités locales comme « el landó », « el festejo », « el contrapunto ». Si vous vous rendez dans le quartier du Caserio del Guayabo en février, vous pourrez apprécier un spectacle de claquettes au rythme de la musique des stars locales : « Los Hermanos Ballumbrosio », une tradition qui est née dans les champs.