Préparer, Profiter, Partager

L'alpaca : dans l'ombre du lama

En Bref : Alpaga, lama, vigogne, guanaco… ils se ressemblent tous mais chacun a pourtant des caractéristiques bien précises. L’alpaga est un animal sacré au Pérou. Voici quelques conseils pour le reconnaître en un coup d’œil.

Connu comme l’un des camélidés les plus mignons d’Amérique du Sud, l’alpaga est originaires des Andes péruviennes. Il est partie intégrante de la culture du Pérou depuis des millénaires mais aussi de la vie quotidienne dans la région andine. On vous brosse le vrai portrait de l’alpaga andin.

Alpaga vs. lama, vigogne et guanaco


C
es mammifères appartiennent à la famille des camélidés, ce sont les cousins latinos des chameaux et des dromadaires. Cette grande famille se nourrit d’herbe de pâturage et de foin. Comme ses cousins, l’alpaga est un herbivore ruminant. Contrairement aux élevages bovins, les élevages d’alpagas produisent peu de gaz à effet de serre car leur système digestif est plus efficace. Leur capacité de survie dans des conditions extrêmes est également liée à leur alimentation : ils peuvent manger tout type d’herbe, même de faible qualité. Deux kilogrammes de nourriture leur suffisent, 3 kg pour les femelles en gestation. La femelle porte son bébé alpaga 11 mois et l'allaite pendant 6 mois. Elle n’a qu’une portée par an.



Si vous n’avez pas l’œil avisé, il vous sera difficile de distinguer un lama d’un « alpaca », comme on l’appelle en espagnol. Et pourtant, plusieurs caractéristiques les différencient.
Physiquement, les oreilles du lama sont longues et incurvées comme des bananes alors que celles de l’alpaca sont plus courtes, droites et pointues. Le lama a une tête allongée, l’alpaca une tête aplatie et pelucheuse. Le lama fait presque deux fois la taille et le poids de l’alpaca : 90 à 160 kg et 110 cm au garrot pour le lama contre 45 à 70 kg et 90 cm pour l’alpaca. Le lama est l’espèce la plus grande de tous les camélidés péruviens. Il a un pelage plus épais et aux couleurs naturelles disparates. Quant à l’alpaga, il a un pelage plus dense, fin, soyeux et uniforme. Les alpagas sont physiquement plus « craquants ».



Les lamas ont un caractère bien trempé : ils crachent beaucoup et sont indépendants. Ils ne vont pas hésiter à se défendre s’ils en ressentent le besoin. Ce sont eux les gardiens du troupeau. Les alpacas, quant à eux,  sont plus nerveux. Est-ce qu’ils crachent ? Seulement si vous les appelez lamas ! Blague à part, oui, ils crachent aussi comme tous les camélidés mais moins fréquemment que leur cousin.
Les deux animaux sont domestiqués depuis plus de 5 000 ans pour leur fourrure notamment. Mais comme celle du lama est de moindre qualité, il est plutôt élevé pour sa viande et pour le transport. L’alpaca produit plutôt une fibre naturelle de choix : à la fois fine, résistante, durable, douce, légère, raffinée, chaude et hypoallergénique.


La vigogne et le guanaco seraient grossièrement les versions sauvages des alpacas et des lamas. La plus petite des espèces, la vigogne, est dotée de caractéristiques proches de l’alpaca (petite, mince, proche des cervidés, légère, toison très douce et dans des tons roux/châtain). Elle produit d’ailleurs les fibres les plus prisées du monde mais en quantité extrêmement limitée (environ 0,45 kg par an, soit moins de 10 pelotes de laine). C’est un animal en voie de disparition qui a été très chassé durant l’époque coloniale pour sa laine. Sa chasse est aujourd’hui interdite mais une petite quantité est capturée pour la tonte puis relâchée chaque année.




Le guanaco est légèrement plus petit que le lama mais partage nombre de ses caractéristiques : pelage dense et épais, plus lourd et plus grand que la vigogne. Il a un pelage souvent bi ou tricolore (dos brun, ventre blanc et tête grise). Le guanaco a des petites oreilles droites. Comme la vigogne, il est protégé mais moins convoité.





Le saviez-vous ?
On pourrait croire que l’animal national du Pérou est le lama, alors qu’il s’agit en réalité de sa cousine, la vigogne, présente sur le drapeau. Bien que la ressemblance soit frappante, ce sont deux animaux bien distincts.


Les alpagas dans la culture inca


Les Incas  tenaient aux alpacas comme à la prunelle de leurs yeux. Sa viande était utilisée pour la préparation de plats traditionnels comme le « charqui » et la « chalona ». Sa laine permettait de confectionner du fil et des tissus. Ses os, sa peau, sa graisse et même ses excréments étaient respectivement transformés en instruments de musique, chaussures, médicaments ou engrais. Ils étaient aussi tués lors de sacrifices religieux pour calmer les foudres des dieux.

Les tissus avaient une valeur religieuse et sociale dans l’Empire inca. Offrir un bout de tissu ou un vêtement était un signe de statut social élevé et les étoffes en laine d’alpaca étaient réservées aux membres de la famille royale ou aux hauts fonctionnaires. Seule une petite élite d'artisans était autorisée à tisser la fibre de ce mammifère.



Suite à la colonisation, les alpagas ont failli disparaître. Les Espagnols avaient mesuré l’intérêt économique de la laine d’alpaga et la vendaient à prix d’or sur les marchés européens. Mais ils voyaient également les alpagas d’un mauvais œil car ils broutaient dans les plaines faisant concurrence à leurs brebis. Ils étaient alors traqués pour leur viande jusqu’à leur quasi disparition. Les Incas survivants se sont exilés dans les plus hauts-plateaux andins en emportant  avec eux leurs plus précieux alpacas. Ils ont donc survécu grâce à la bienveillance des éleveurs incas et à leur capacité à supporter les conditions climatiques extrêmes (aride, basses températures et soleil de plomb) à plusieurs milliers de mètres d’altitude.



Dans les années 1800, la beauté, la résistance et la finesse de leur fibres naturelles a été redécouverte. Des premiers alpacas ont été introduits en Australie pour tenter de développer des élevages mais aucun n’a survécu à ce nouvel environnement. Dans les années 1980, d’autres alpacas ont été introduits aux Etats-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande venant concurrencer le tissage péruvien.




Observer des alpacas aujourd'hui au Pérou

Les alpacas se trouvent dans différents départements du Pérou : Puno, Cusco, Arequipa et Huancavelica. L’élevage reste concentré dans les Hautes Andes au sud-est du Pérou et à l’ouest de la Bolivie. Le Pérou compte environ 2,5 millions d’alpagas sur ses terres, ce qui représente 80 % de la population mondiale d’alpacas.

Vous croiserez deux types différents :

  • 90 % sont des « Huacayas ». Ils ont un pelage dense, bouclé et vigoureux dont les coloris varient des blancs, aux bruns, aux noirs. Leurs poils fournissent une fibre semblable à la laine de mouton.
  • Les autres sont des « Suris ». Leur toison est plus lisse, longue, soyeuse et brillante et la gamme de couleur est plus ample : des beiges, marron, gris et noirs. Elle produit une peluche s'apparentant à la fibre de laine d’agneau, plus rare et donc plus chère.


L’élevage de camélidés est l’une des activités productives les plus importantes du Pérou, développée
au cœur de la  cordillère des Andes. La laine est exportée internationalement et l’industrie textile représente une part conséquente de l’économie péruvienne avec des retombées locales. Environ 150 000 familles, principalement paysannes, en dépendent (viande et textile). Il représente en effet une des principales sources de revenus. La production se concentre principalement sur la confection et le tissage de pulls en laine, jouets, tricots de toutes sortes, fils à tricoter, couvertures en laine, de beaux souvenirs pour épater la galerie et contribuer à l’économie locale. 

Tous nos bons plans pour observer les différents camélidés péruviens et se procurer des textiles lors du briefing chez Serge