Des fêtes régionales hautes en couleurs au Pérou
A une époque où la mondialisation voudrait nous imposer un mode de vie unique, il est vraiment rassurant d’observer ces fêtes typiques où la musique, les costumes et les danses nous plongent dans le Pérou traditionnel. Il ne s’agit pas d’un folklore pour faire plaisir aux touristes mais réellement une tradition fortement ancrée dans les Andes.
Au Pérou, quel que soit le moment de l’année ou l’endroit, il y a toujours une bonne raison de sortir ses plus belles parures et ses instruments de musique pour faire la fête. Les traditions se transmettent au fil des générations et les Péruviens sont fiers de les partager.
Faire la fête à la péruvienne
Le carnaval est très ancré dans la culture péruvienne. Chaque région ou ville à le sien, différenciés par des costumes et des célébrations propres. Contrairement à ce que certains pourraient penser, ces costumes et ces fêtes ne sont pas seulement du folklore destiné à étoffer l’offre touristique, les communautés des Andes ont bel et bien gardé leurs traditions malgré la mondialisation.
Vous pouvez trouver le calendrier des fêtes péruviennes, région par région et mois par mois, sur cet agenda culturel. Ne manquez pas celles qui auront lieu durant votre voyage au Pérou !
Un exemple à la mi-mars avec le carnaval d’Andahuaylas, sur la route entre Cusco et Ayacucho. Au programme : danses, chants traditionnels, dégustations de plats locaux, arrosés de « caña » et de bonne humeur. Pour l’occasion, le Coliseo Nación Chanka se remplit au son des tambours et autres instruments de musique. Les cotillons, ballons, confettis accueillent les voyageurs qui sont toujours les bienvenus, notamment pour admirer le défilé final dans les rues d’Andahuaylas. Tous les ans, cette ville accueille « le Pukllay », concours où s’affrontent des groupes de carnaval populaire venus de toutes les régions du Pérou et d’autres pays.
Le « baile del wititi » est une danse traditionnelle originaire d’Arequipa qui se pratique dans toute la vallée du canyon de Colca.
C’est une danse de salon, romantique, rapide et pacifique classée au patrimoine culturel péruvien et au patrimoine culturel immatériel mondial par l’UNESCO depuis 2015.
Initialement, elle était pratiquée en février lors de la récolte des arbres fruitiers de Tapay pour exprimer la joie face à la production
de la « Pachamama ».
Au fur et à mesure de son expansion, elle a pris une signification plus politique et guerrière pour faire accepter au peuple l’union entre la princesse Mama Yacchi issue des Collawas et le souverain inca. Les costumes sont colorés reflétant la diversité des paysages et des récoltes.
Les 28 et 29 juillet sont célébrées les « Fiestas Patrias », la fête nationale du Pérou qui met à l’honneur l’indépendance du pays datant de 1821.
Les emblèmes nationaux sont alors de sortie : drapeau, parade militaire, cérémonie présidentielle et messe de remerciement organisée par le gouvernement péruvien.
Les plus belles fêtes du Pérou
L'Inti Raymi
L'Inti Raymi, ou la fête du Soleil, est célébrée au moment du solstice d’hiver entre le 20 et le 23 juin.
C’est une fête inca en l’honneur du Soleil, le dieu des dieux sous l’Empire inca.
Ce serait Pachacutec, l’empereur à l’origine de la construction du Machu Picchu, qui aurait instauré cette tradition religio-culturelle au XVe siècle.
Selon les rites andins, le solstice d’hiver est le début du cycle du soleil.
Cette tradition a été remise au goût du jours à Cuzco en 1944 et constitue l’une des festivités les plus importantes du Pérou.
Elle attire énormément de monde (locaux et voyageurs) et l’affluence augmente tous les ans.
Pour assister à la cérémonie sur la plaza de Armas, il faut s'installer sur la place de nombreuses heures avant les festivités pour s’assurer d’avoir une bonne place et ne pas rater le passage du cortège.
La fête se déroule en 3 étapes : d’abord au Qorikancha, ensuite sur la plaza de Armas puis la célébration la plus connue sur le site de Saqsaywamán, centre religieux inca dédié au dieu du Soleil « Inti » qui se trouve à 2 km de Cuzco.
Le solstice d’été est également célébré par des offrandes, des danses, des représentations, des costumes traditionnels et des activités diverses.
Autrement, à cette même période, vous pouvez également assister à la « Fiesta de San Juan », la fête de la Saint-Jean, célébrée en Amazonie.
Moins touristique, cette fête est la plus importante pour les peuples amazoniens et célèbre la naissance de Jean-Baptiste, saint patron de l’Amazonie, qui a baptisé Jésus dans le Jourdain.
A cette occasion, la population se réunit dans les fleuves, lagunes et cascades pour participer au « bain bénit ». Une fête d’un autre style mais également très joyeuse, rythmée et colorée.
La fiesta de la Candelaria
La fête de Vierge de la Chandeleur à Puno est également l’une des festivités religieuses et culturelles les plus importantes du Pérou.
Elle fait partie de la liste du patrimoine mondial immatériel de l’UNESCO.
Pour cette grande festivité, des centaines de danseurs et de musiciens se rassemblent près du lac Titicaca vêtus de costumes colorés en l’honneur de la sainte patronne de la ville. La fête commence la première semaine de février et dure 15 jours.
La fiesta de Paucartambo
La fête de la « Virgen del Carmen » a lieu les 15, 16 et 17 juillet à Paucartambo.
Ce petit village, situé à 3 h en bus de Cuzco juste avant le parc national de Manú, se transforme pendant quelques jours.
Réunissant principalement des habitants de la région, c’est l’occasion de découvrir une célébration vraiment typique.
Si vous comptez y participer, il faut vous y prendre à l’avance pour réserver un logement car tous les hôtels se remplissent à cette occasion.
La Semana Santa à Ayacucho
La ferveur catholique au Pérou est importante et la Semaine sainte, qui a lieu de la deuxième quinzaine de mars à la première semaine d’avril selon les années, est une des célébrations religieuses les plus importantes de l’année.
Toute la semaine, la Vallée sacrée est rythmée par les sons de chants et danses traditionnelles.
Mais c’est bien à Ayacucho que les célébrations sont les plus belles du fait de l’implication de ses habitants dans la préparation et le déroulement des festivités.
Elle commence le dimanche des Rameaux très tôt avec un rituel pour bénir les fleurs et les palmiers qui accompagneront les enfants jusqu’à la figure de Jésus. Le peuple se réunit ensuite sur la plaza de Armas.
C’est une étonnante illustration du métissage entre la culture catholique espagnole et les cultures indigènes.
La Fête du Seigneur de Qoyllur Riti
Cet événement rassemble plus de 10 000 pèlerins chaque année. Ils parcourent environ 8 km à partir du village d’Ocongate pour atteindre le sanctuaire où les températures tournent aux alentours des 0 °C. Ce pèlerinage est un mélange de catholicisme, où on rend culte au Christ, et de cultes aux « apus », les dieux préhispaniques de la nature associés à la fertilité de la terre.
La cérémonie principale se tient au pied du mont Ausangate, situé à 4 700 mètres d’altitude.
Cette procession rassemble surtout les peuples de la cordillère des Andes qui se divisent en communautés, comme par exemple celles de Quispicanchis et de Paucartambo.
Cette division est marquée par des distinctions sociales et géographiques : Quispicanchis est plus une région où l’on élève des animaux, tandis que Paucartambo est plus investie dans la culture des champs.
« Qoyllur Riti » signifie en quechua « Seigneur de la Neige ».
D’après la légende, Jésus est apparu en prenant l’apparence d’un petit garçon et est devenu l’ami d’un enfant andin.
Les parents de ce dernier, découvrant cette amitié, informèrent le prêtre local qui tenta alors d’attraper Jésus.
Lorsqu’il le fit, ce dernier se transforma en pierre et son image s’y grava. L’enfant andin, en voyant son ami se transformer en pierre, succomba.
Selon la légende, il serait enterré sous la même pierre, et depuis, un grand nombre de fidèles allument des bougies à cet endroit.
En arrivant au sanctuaire, chaque communauté effectue le salut officiel au Christ, qui peut durer des heures.
Chaque communauté est accompagnée d’un groupe de danse, où chaque danseur représente un personnage mythique.
Au total, on peut compter 200 groupes de danse.
Le lendemain, notamment à l’aube, les villageois escaladent la montagne et ramènent avec eux de grands blocs de glace afin d’irriguer leurs terres d’eau bénite de l’Ausangate.
Cette célébration a lieu tous les ans entre les mois de mai et de juin, 58 jours après le dimanche de Pâques.
Si vous êtes à Cuzco à ce moment-là, c’est l’occasion de participer à l’une des fêtes les plus importantes des nations indigènes d’Amérique